Stephen Bulger Gallery
ExposantKiosque 135
Sara Angelucci
Botanique Nocturne
Sara Angelucci a commencé à créer ses images botaniques en 2018, munie d’un scanneur, in situ la nuit. Les séries débutèrent accidentellement, alors qu’elle se recueillait dans son jardin de ville pour apaiser le profond chagrin laissé par la perte de sa sœur. C’est en travaillant en solitaire qu’elle a pu porter attention aux infimes détails – les pétales malléables de plantes dociles, les campanules sauvages, une simple ancolie poussant sous un buisson de pivoine. Se délectant dans ce micro-cosmos, elle réalisa que même le deuil possédait ses bienfaits. En lisant sur le déclin et l’extinction imminente des espèces à travers la planète, elle vit son besoin de faire le deuil dépasser son entourage personnel. Pendant la pandémie, Angelucci se mit au travail dans les champs et les forêts près de son chalet dans la Vallée de Pretty River, en Ontario, s’immergeant dans le monde naturel. Elle poursuit cette démarche dans l’exploration des étangs, rivières et berges, ainsi que l’étude de la vie végétale à travers les changements saisonniers.
Dans la série Botanique Nocturne, les plantes débordent du cadre avec leurs compostions déchainées bravant l’ordre qui leur est imposé par la méthode taxonomique. Ici, elles revendiquent une vitalité et une autonomie qui leur est propre, et offrent beaucoup à partager. Angelucci crée ces images la nuit, alors que les créatures nocturnes émergent, et que la noirceur rehausse ses perceptions. Brillant sous le rayon du scanneur, les plantes révèlent leurs formes merveilleuses, ainsi que les insectes qui y sont vivement présents. Attirés par la présence d’Angelucci et la source de lumière du scanneur, des insectes participent aux compositions en virevoltant ou en se posant sur la vitre du scanneur. Ces écologies détaillées nous invitent à considérer l’origine et l’existence de la vie dans ces contrées, comment elle s’y est trouvée, ainsi qu'à réfléchir à leurs adversités actuelles. Pour la série Bella di Notte, Angelucci a adapté ses études botaniques à ses racines familiales dans le village de Montottone, dans Le Marche, en Italie. Afin de créer cette oeuvre, elle a traversé les chemins du village foulés par son arrière-grand-mère, exploré le champ où s’élevait le moulin familial, et visité les fermes et les forêts de la région. En tant que fille d’immigrants italiens, elle examine les affinités entre la migration végétale et l’immigration.
Développées au cours des six dernières années, les œuvres figurants dans Botanique Nocturne évoquent le cheminement vers l’acceptation de la finitude, tout en célébrant ce qui perdure. En encrant son œuvre dans des actions d’empathie et d’incarnation, Angelucci se munie de stratégies de connections créatives pour aller de l’avant. En retraçant l’origine des plantes, on en vient à y discerner l’empêtrement d’histoires coloniales, ainsi que le perpétuel intérêt commercial, enchâssés dans la terre. L’usage de technologies de numérisation d'images à haute résolution ainsi qu'un regard approfondi laissent place à d’exigeantes questions : À qui appartient réellement la terre ? Comment peut-on la protéger ? Et comment ces plantes s’y sont-elles entrelacées ?